L’optimisme peut-il booster votre épargne ? Ce que dit la science !

L’épargne est souvent perçue comme une question de discipline financière et de niveau de revenu. Pourtant, une étude récente s’est penchée sur un facteur plus subtil mais tout aussi influent : l’optimisme. L’étude A Glass Half Full of Money : Dispositional Optimism and Wealth Accumulation Across the Income Spectrum, réalisée par Joe J. Gladstone et Justin Pomerance (2025) a analysé le lien entre l’optimisme disposé (tendance générale à voir l’avenir positivement) et l’accumulation de richesse.

Benoit COURREGE

2/15/20253 min lire

L’optimisme peut-il booster votre épargne ? Ce que dit la science !

Introduction : une étude d’envergure sur le lien entre optimisme et épargne

L’épargne est souvent perçue comme une question de discipline financière et de niveau de revenu. Pourtant, une étude récente s’est penchée sur un facteur plus subtil mais tout aussi influent : l’optimisme.

L’étude A Glass Half Full of Money: Dispositional Optimism and Wealth Accumulation Across the Income Spectrum, réalisée par Joe J. Gladstone et Justin Pomerance (2025) a analysé le lien entre l’optimisme disposé (tendance générale à voir l’avenir positivement) et l’accumulation de richesse.

Méthodologie et contexte de l’étude

Échantillon étudié : 143 461 individus issus de diverses bases de données, à travers plusieurs pays et sur plusieurs années.

Méthodes employées :

  • Analyses transversales pour comparer les comportements d’épargne à un instant T.

  • Études longitudinales pour observer l’évolution de l’épargne en fonction du niveau d’optimisme dans le temps.

  • Données objectives et subjectives : les chercheurs ont croisé des déclarations individuelles sur l’épargne avec des données bancaires et des indicateurs économiques.

L’objectif de l’étude était double :

  1. Déterminer si l’optimisme favorise ou freine l’épargne.

  2. Comprendre si cet effet varie en fonction du niveau de revenu.

Leurs conclusions révèlent un impact contrasté de l’optimisme selon la catégorie socio-économique, mettant en lumière des mécanismes psychologiques influençant la gestion financière.

1. L’optimisme : un moteur ou un frein à l’épargne ?

L’optimisme se définit comme une anticipation positive de l’avenir. Ce trait psychologique peut influencer la gestion de l’épargne de manière contradictoire :

Deux effets opposés possibles

L’optimisme favorise l’épargne

  • Les optimistes fixent des objectifs financiers plus ambitieux et sont plus persévérants (Armor & Taylor, 1998).

  • Ils ont une plus grande confiance en leur capacité à épargner, ce qui les incite à planifier financièrement sur le long terme (Carver & Scheier, 2014).

⚠️ L’optimisme peut aussi réduire l’incitation à épargner

  • S’attendre à un avenir favorable peut rendre certaines personnes moins prudentes financièrement, pensant qu’elles n’auront pas besoin d’une épargne de précaution (Steinhart & Jiang, 2019).

  • Une surestimation des revenus futurs peut encourager une consommation plus importante au lieu de favoriser l’épargne.

L’étude visait donc à départager ces deux théories et à voir dans quelle mesure l’optimisme agit comme un levier ou un frein à l’épargne.

2. Un impact plus fort chez les ménages à faibles revenus

Le principal enseignement de l’étude est que l’optimisme influence fortement l’épargne, mais surtout chez les ménages à faibles revenus.

🔹 Chez les hauts revenus : un impact limité

Les ménages aisés bénéficient d’un système d’épargne passif et automatisé :

  • Investissements immobiliers et placements financiers (assurance vie, PER, etc.).

  • Épargne salariale

  • Moins de nécessité de décisions actives : l’épargne se constitue souvent par simple excédent de revenu.

Dans ce contexte, l’optimisme n’a qu’un impact limité sur le niveau d’épargne.

🔹 Chez les bas revenus : un levier essentiel

Les ménages modestes doivent prendre des décisions actives pour épargner, souvent dans un contexte budgétaire contraint :

  • Pression des dépenses immédiates qui complique la mise en place d’une épargne régulière.

  • Moins d’accès aux dispositifs d’épargne automatique ou aux placements financiers rentables.

  • Charge mentale élevée, due aux incertitudes économiques, qui peut nuire aux bonnes décisions financières (Mullainathan & Shafir, 2009).

3. Chiffres-clés de l’étude

  • Chez les ménages à faibles revenus, les optimistes accumulent nettement plus d’épargne que les pessimistes.

  • Chez les hauts revenus, l’optimisme n’a presque aucun effet sur l’accumulation de richesse.

  • L’optimisme favorise surtout l’épargne sur le long terme, en instaurant une discipline financière durable.

Conclusion

L’optimisme est une arme secrète pour améliorer son épargne, en particulier pour les personnes ayant des revenus plus modestes. Il favorise la planification, renforce la discipline financière et permet de mieux gérer les défis économiques.

📌 Référence principale : Gladstone, J. J., & Pomerance, J. (2025). A Glass Half Full of Money: Dispositional Optimism and Wealth Accumulation Across the Income Spectrum. Journal of Personality and Social Psychology.